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sergent major à la 8e compagnie du 1er bataillon du district de Bourg

Pierre Joseph RICOL à son père Jean Baptiste, laboureur à Polliat

Fonds Gorini - AD 01 - Article transmis par Jérôme CROYET
Publié le mercredi 2 avril 2008.


“ d’Annonay, ce 20 frimaire 1793, l’an II de la République Française une, indivisible et démocratique.

Mon cher père,

Je vous avais promis de vous écrire en arrivant à Ville Affranchie, mais j’ai toujours tant eu d’affaire que je ne l’ai pas put car nous fûmes sur point on nous avertis pour aller à Grenoble que s’était tard et je croyais qu’à Grenoble je pourrai vous écrire. Mais nous n’y avons rester qu’un jour, car le général nous donna les ordres pour aller à Privas, où nous y avons rester que deux jours, après quoi l’on nous a envoyé à Annonay où nous sommes à présent. Voilà donc mon cher père quatre vingt lieues que nous faisons lorsque vous aurez reçu ma lettre ? Vous m’écrirez de vos nouvelles, de celles de mes frères et de ma sœur, de mes oncles et de mes tantes, de mes deux cousins et de mes deux cousines et de tout mes amis. Pour moi, je me porte bien et toute la compagnie. Je vous dirai que voilà seize jours que nous marchons et en marche l’on dépense beaucoup d’argent et on a que l’étape. Claude Clémencin dit qu’il n’a pas plus guère d’argent, j’en dis de même, car tout les jours il me faut quelque chose. Je n’ai point de culotte , je n’ai point de bas et point de soulier. J’ai oublié de vous dire que Clemencin a un peu de rhume. Je vous dirai aussi que nous allons être tous incorporés dans les vieux corps. Mais je me pense que vous le savez aussi bien que nous. Vous me direz aussi si ceux de la réquisition, qui sont au pays, sont bien tranquilles et s’ils ne veulent pas nous venir joindre auparavant que nous soyons incorporés, car nous serons incorporés le 10 nivôse prochain. Vous me ferez passer des nouvelles de mon frère qui est à l’armée, à qu’elle armée il est ? Pour les nouvelles du pays, elle sont assez bonnes exceptées que l’on n’a pas du pain tant que l’on veut. Nous sommes dans les montagnes mais elles ne sont pas froides. J’espère de retour bientôt au pays car nous n’en sommes que de vingt quatre lieues et si j’avais un moment de relâche se seroit cela que je ferai, car je désire bien de revoir ce pays. Pour la marche, elle ne m’a pas fatiguée quoique nous marchons depuis le matin au soir et que nous faisons des huit lieues par jour, qui en valent bien douze de celles du pays, excepter la première journée que nous sommes allé, étaient mouillées. Vous m’écrirez, s’il vous plait, aussitôt la présente reçu et je suis toujours mon cher père votre fils. Pierre Joseph Ricol sergent major.

Je suis pressé, la poste part.

Mon adresse est au citoyen Pierre Ricol, sergent major de la 8e compagnie du 1er bataillon du district de Bourg du département de l’Ain, en garnison à Annonay, département de l’Ardèche.

Pierre Joseph Ricol, sergent major ”


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