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Historique de la compagnie franche du Bugey contre Lyon

Article transmis par Jérôme CROYET
Publié le mercredi 2 avril 2008.


LA COMPAGNIE FRANCHE DU BUGEY CONTRE LYON

Juillet - Octobre 1793

Par Jérôme Croyet, docteur en histoire Archiviste adjoint aux A.D. de l’Ain, président de la Société d’Etudes Historiques Révolutionnaires et Impériales

Le 29 mai 1793, les événements lyonnais ouvrent la portent au fédéralisme et à la guerre civile inter-républicains dans la région. Dès le 30 juillet, le district de Belley prend un arrêté pour la levée d’un bataillon fort de 146 hommes, réunis dans une compagnie franche destinée à marcher contre Lyon. Dans la plupart des municipalités du district, l’enrôlement se fait le 3 août. Malgré les clivages politiques, ce sont les districts de Belley et de Trévoux qui ressentent le plus le poids du siège de Lyon, tandis que dans les districts du Bugey-Sud, une compagnie franche de patriotes se lèvent pour marcher contre Lyon. Beaucoup de bugistes et de trévoltiens se retrouvent sous les murs de Lyon, les représentants n’hésitant pas à se servir de ces districts comme réservoirs humains. Dès le 27 juillet, l’administration du département, en exécution d’un arrêté des représentants du peuple à l’armée des Alpes, répartie la levée des 1 200 hommes d’un bataillon contre Lyon entre les districts du département. Les grenadiers de la Garde Nationale et les personnes les moins utiles aux champs sont principalement concernées. Le 29 juillet, le district de Châtillon-sur-Chalaronne doit fournir 92 citoyens, tirés de la Garde Nationale. Si les communes ne se montrent pas réticentes, elles sont généralement attentistes ; Pont-de-Veyle, pourtant favorable à la création de ce bataillon, répond, le 26 juillet, qu’elle tient à disposition 24 fusils et 300 cartouches et qu’aucun des citoyens refusera de partir à compter du moment où ils seront requis. Cet attentisme est tel, qu’au 17 août, les chefs du bataillon de requis de l’Ain, cantonné à Crépieu, invitent les administrateurs du district de Belley à faire marcher les retardataires de ce district, qui manquent en grand nombre. Les officiers invitent le district à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire rejoindre les retardataires, mais le manque d’initiative né de la crise fédéraliste bloque l’administration du district qui demande des directives au département, le 21 : où doit se rendre le bataillon ? Comment faire pour faire marcher les retardataires ? A Trévoux, une partie des gardes nationaux sont requis. Afin de faire marcher les troupes, les représentants se montrent sévères envers les réfractaires. Le 29 août, du quartier général de la Pape, Dubois-Crancé et Laporte préviennent le district de Trévoux, "que les citoyens. . .de Rilleux, Pouilleux et Toussieux qui sont tombés au sort pour satisfaire la réquisition des représentants du peuple se rendront à l’armée dans les 24 heures et en cas de refus. . .ils. . .seront. . .(conduits) par la Gendarmerie Nationale" [1]. Malgré les sacrifices que représente le départ de volontaires dans les campagnes, ces derniers sont néanmoins prêt à se battre : "Il est bien malheureux (écrivent les officiers municipaux de Montfalcon le 21 Août 1793) pour nous que nous ayons toujours des ennemis à combattre et qui veulent s’opposer à la tranquillité que la République. . .nous assurait. Vous devez être instruit que notre commune est une des plus petite en population de voter district. Il nous y manque des bras pour la culture. . .malgré ces observations, si vous en exigés, nous vous prions instamment de les faire requérir" [2]. Avec l’automne, la formation du bataillon s’accélère. Le 2 octobre, les représentants du peuple devant Lyon annoncent la prochaine sortie des rebelles lyonnais de la ville en direction du Bugey pour rejoindre le Piémont et la Suisse. Ils donnent des ordres précis pour stopper cette fuite, en requérant les gardes nationales bugistes mais aussi en postant des pièces d’artillerie à l’entrée des gorges de St Rambert et de Nantua. Pour cela l’administration du département requiert les canonniers de la ville de Bourg, qui sont à Belley, de se rendre à St Rambert et à Nantua. Un commissaire, Dandelin, est nommé pour déterminer la position de ces pièces. Le 4 octobre, les représentants à la Pâpe demandent l’arrivée prompte du bataillon de requis de l’Ain. Le lendemain, l’administration du département autorise le départ du bataillon pour le camp de la Pâpe. Malgré cette apparente bonne volonté des administrateurs de l’Ain refuse d’endosser la responsabilité du départ de jeunes gens de chez eux pour la guerre. Magré les injonctions des représentants du peuple, le 12 octobre, l’administration du département refuse de remplacer les hommes mariés du bataillon contre des hommes célibataires mais autorise un officier du bataillon, Volland, à parcourir le district de Boug pour compléter le contingent de requis. Le 15 frimaire, les requis du district de Belley reçoivent leurs bonnets de police. Alors que la ville de Lyon est prise par les troupes républicaines, la nécessité de garder le bataillon de requis n’a plus court et alors que certains rentrent chez eux, une partie des requis de Belley s’engagent volontairement pour rejoindre la levée en masse.

De son côté, le 30 juillet, le district de Belley prend un arrêté pour organiser la levée d’un bataillon fort de 146 hommes, dont 15 grenadiers, réunis dans une compagnie franche destinée à marcher contre Lyon. Très rapidement, des volontaires du district de St Rambert qui se joignent à cette levée. Dans la plupart des municipalités du district de Belley, l’enrôlement se fait le 3 août où 42 hommes sont déjà inscrits. Les armes sont aussi rapidement fournies par les communes auprès des possesseurs mais surtout par le district : au 3 août, 24 fusils sont fournis par le district et le reste par les municipalités qui sont remboursées de leur achat par le receveur. Dès le 5 août, la fabrication des habits est commencée. Au 11 août, la formation de la compagnie franche est finie. Son commandement est confié à Joseph Boget. Les conducteurs de la compagnie sont nommés les 3 et 4 août. Elle prend son cantonnement à Lyon. La fabrication et la distribution des uniformes est prise en charge par le district de Belley. Ce dernier ayant reçu, en septembre 1793 des échantillons de tissus du citoyen Terrasson de St Genis, l’administration du département l’autorise le 5 octobre 1793, "à conclure les marchés qu’il jugera convenable pour accélérer l’habillement et l’équipement" [3] mais il est "invité à mettre dans ces marchés toute l’économie qu’exige les besoins de la République" [4]. Même si elle est rapidement formée, il y a 76 hommes présents à la revue du 6 frimaire an II à Lyon, plus 2 malades et 14 absents [5], la compagnie franche n’est pas entièrement équipée. Le 15 frimaire an II, elle reçoit 69 bonnets de police. A cette date, 55 habits ont été distribués, 36 vestes et 34 culottes. Elles sont fournies par au moins 7 fournisseurs différents. Son équipement se continue tout l’hiver, le 3 nivôse, la compagnie reçoit 38 paires de guêtres. Le 16 pluviôse an II, la compagnie, alors casernée à Lyon, reçoit 23 habits, 40 vestes, 82 culottes et 27 paires de guêtres de l’administration du district de Belley pour habiller les volontaires. Cette distribution, d’effets convoyés en malles et paquets, est rapidement effectuée. C’est ainsi qu’elle continue d’être habillée jusqu’au 22 prairial date de la dernière fourniture de vêtements. Comme le bataillon de requis, à la fin des combats sous Lyon, la compagnie franche de Belley est dissoute et devient 8e compagnie de grenadiers de l’Ain durant automne 1793.

Avec le début du siège de Lyon, une seconde vague de peur anti-lyonnaise gagne rapidement les communes limitrophes de l’Ain et du Rhône, poussant les sans-culottes de cette région à agir contre les modérés et fédéralistes de leur commune. Dès le 27 juillet, l’administration du département, en exécution d’un arrêté des représentants du peuple à l’armée des Alpes, répartie la levée des 1 200 hommes du bataillon contre Lyon entre les districts du département. Le 29 juillet, le district de Châtillon sur Chalaronne doit fournir 92 citoyens, tirés de la Garde Nationale. Si les communes ne se montrent pas rétiscente, elles sont généralement attentistes, sauf dans les districts bugistes, où l’élan volontaire est unanime. Pont de Veyle, pourtant favorable à la création de ce bataillon, répond, le 26 juillet, qu’elle tient à disposition 24 fusils et 300 cartouches et qu’aucun des citoyens refusera de partir à compter du moment où ils seront requis. Le 12 octobre, l’administration du département refuse de remplacer les hommes mariés du bataillon contre des hommes célibataires. Au 15 frimaire an II, bataillon compte 1 capitaine, un lieutenant, un sous lieutenant, 1 sergent major, 2 sergents, un caporal fourrier, 4 caporaux, 2 tambours et 79 fusiliers.

[1] Lettre de Dubois-Crancé et de Laporte aux administrateurs du district de Trévoux, 29 août 1793. Collection de l’auteur.

[2] Lettre des officiers municipaux de Montfalcon du 21 Août 1793, Archives Départementales de l’Ain, série L.

[3] A.D. Ain 3L 124.

[4] A.D. Ain 3L 124.

[5] Au 15 frimaire an II, elle compte 1 capitaine, un lieutenant, un sous lieutenant, 1 sergent major, 2 sergents, un caporal fourrier, 4 caporaux, 2 tambours et 79 fusiliers. Durant l’hiver quelques bressans rejoignent la compagnie.


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